Pascal Hachet : Rahan et le Psy |
Interview de Pascal Hachet
à l'occasion de la sortie de son livre
"Psychanalyse
de Rahan"
aux Editions l'Harmattan.
La lecture
du nouveau livre de Pascal Hachet, "Psychanalyse de Rahan, le fantôme
psychique d'un héros de BD", éclaire les aventures de Rahan d'un jour
nouveau, ce qui ne va pas sans soulever certaines interrogations.
Spécialement pour Rahan.org, le " psy " de Rahan répond à nos questions
:
Marc
Rioux : A la lecture de votre livre, il apparaît que vous devez être
un grand fan de Rahan. Le travail que cela représente en atteste !
Dans votre livre, vous citez le sondage que j'effectue en ligne sur "le site de Rahan" grâce au questionnaire
de la page sondage. Or, dans mes archives, je n'ai pas trouvé vos
réponses (note à l'attention de la CNIL : ce fichier
n'est pas informatique). Donc, merci
d'y répondre maintenant.
Quel est votre nom ?
Pascal
Hachet : Pascal Hachet !
Marc Rioux : Quels sont vos ville et pays de résidence ?
Pascal
Hachet : Paris (20ème arrondissement), France.
Marc
Rioux : Dans quelle tranche d'âge vous situez-vous : de 0 à 10, de
11 à 20, de 21 à 30, de 31 à 40, de 41 à 50, de 51 à 60 ou plus de
60 ans ?
Pascal
Hachet : de 31 à 40 ; plus exactement, j'ai 38 ans. Je fais partie
de la " génération Rahan ".
Marc
Rioux : Aimez-vous Rahan un peu, beaucoup, passionnément, à la folie
ou pas du tout ?
Pascal
Hachet : A la folie, si un " psy " peut s'exprimer ainsi ! J'ajouterai,
au fur et à mesure que le temps s'écoule, avec énormément de tendresse.
Marc
Rioux : Aimez-vous les dessins des aventures de Rahan un peu, beaucoup,
passionnément, à la folie ou pas du tout ?
Pascal
Hachet : Passionnément. Ils sont d'une beauté suffocante. Et depuis
qu'André Chéret m'a fait le plaisir d'orner la couverture de mon livre
d'un dessin original, je persiste et signe dans mon appréciation.
Marc
Rioux : Aimez-vous les scénarii des aventures de Rahan un peu, beaucoup,
passionnément, à la folie ou pas du tout ?
Pascal
Hachet : Même réponse. Ils sont d'une grande richesse. Lécureux était
un conteur de génie.
Marc
Rioux : Aimez-vous les textes du site un peu, beaucoup, passionnément,
à la folie ou pas du tout ?
Pascal
Hachet : Beaucoup, mais je pense que certaines rubriques gagneraient
à être développées. Je pense en particulier au vocabulaire des aventures de Rahan (je me souviens d'ailleurs que préadolescent,
j'avais rédigé un lexique en ce sens - comptant plus de 150 mots -,
mais que je m'étais auto-censuré au moment de l'envoyer à la rédaction
de " Pif Gadget " ; j'avais eu peur de ne pas être pris au sérieux).
Marc
Rioux : Aimez-vous les illustrations du site un peu, beaucoup, passionnément,
à la folie ou pas du tout ?
Pascal
Hachet : Beaucoup. Elles sont choisies avec beaucoup de pertinence.
Marc
Rioux : Aimez-vous l'organisation du site un peu, beaucoup, passionnément,
à la folie ou pas du tout ?
Pascal
Hachet : Beaucoup. L'ensemble est bien " fagoté ".
Marc
Rioux : Aimez-vous les sujets du site un peu, beaucoup, passionnément,
à la folie ou pas du tout ?
Pascal
Hachet : Beaucoup. Ils sont diversifiés, attractifs et ouverts.
Marc
Rioux : Avez-vous des suggestions ou remarques ?
Pascal
Hachet : Oui. J'aimerais que le site comporte des jeux relatifs aux
aventures de Rahan. Par exemple, un test de connaissances, qui permettrait
aux fans de se mesurer et qui serait " administré ", disons une fois
par mois pendant six mois (de façon à rendre assidues les personnes
qui se connectent à votre site). A la fin, le gagnant serait mis en
vedette (en remportant par exemple un " Rahan d'or " ou un " coutelas
d'or ", faute d'ivoire !).
Marc
Rioux : Pourriez-vous nous raconter un de vos souvenirs de fan ?
Pascal
Hachet : Je n'ai que l'embarras du choix. Il y aurait même matière
à écrire un deuxième livre ! Vous allez voir que je n'ai rien d'un
vil " intello " qui se serait ingénié à disséquer machiavéliquement
l'âme du " fils des âges farouches " pour le rabaisser ou, au contraire,
pour le rendre inaccessible. Un souvenir au hasard : j'ai la chance
d'avoir passé mon enfance et une partie de mon adolescence dans une
commune de la banlieue parisienne où les espaces verts, aménagés ou
" sauvages ", étaient et sont toujours nombreux : Chennevières sur
Marne (94). Je m'identifiais tellement à Rahan que je passais toutes
mes journées entières, quelle que soit la météo, à fabriquer et à
lancer des armes de jet sur des terrains vagues ou dans des bois.
Pascal Hachet : Un Opinel (n°9 je crois) faisait office de coutelas
d'ivoire et, à force d'exercice, je parvenais régulièrement, à deux
tours de lame (3 à 4 mètres), à le ficher dans une cible de la taille
d'une carte à jouer. J'ai aussi pas mal tâté de l'arc (confection
artisanale), du javelot (au point que plus tard, je me suis inscrit
dans un club d'athlétisme et je suis devenu, à force d'entraînement,
champion régional) et du boomerang. Le
jour où le gadget de la revue trimestrielle Rahan (en 1978 je crois)
a consisté en deux pointes métalliques (censées représenter du silex)
de flèche, j'ai confectionné deux flèches en bambou et j'ai réussi
à planter l'une d'elles dans le clocher de l'église, où elle est restée
pendant quelques années (chut, n'allez pas le répéter à Monsieur le
curé !). Si d'autres fans ont fait des expériences comparables, qu'ils
se manifestent sur le site ; ça me ferait très plaisir de lire leurs
témoignages. J'en profite pour relever une différence technique entre
mon expérience et celle du " fils des âges farouches " : dans " La
horde folle ", Rahan apprend à lancer son coutelas en lui donnant,
selon la distance, une certaine rotation pour que la pointe, en fin
de course, arrive la première ". Et bien non, ce n'est pas comme ça
qu'on arrive à lancer un couteau ! Il faut se trouver à une distance
à partir de laquelle, en fonction de la régularité du geste que l'on
acquiert peu à peu, la pointe arrivera forcément (du moins en théorie)
contre la cible. C'est la distance qui crée le succès du lancer ou
non. De plus, en fonction de multiples facteurs dynamiques, on s'aperçoit
que le lancer n'est précis qu'à condition que le couteau tourne deux
fois sur lui-même ; une fois, c'est de la simple pichenette (inutile
alors de lancer ; tactiquement, le corps à corps serait préférable)
et trois fois ou plus, c'est trop imprécis. Or, Rahan projette quelquefois
son arme d'une distance de dix à vingt mètres ; qu'un coutelas se
plante à cette distance relève purement et simplement de la loterie.
Ceci dit, cela n'ôte rien au plaisir ressenti face à l'adresse du
" fils de Crao ".
Marc
Rioux : Quels sont les épisodes que le fan de Rahan, que vous êtes,
préfére ?
Pascal
Hachet : " Le tombeau liquide ", " Le dieu-mammouth ", " Le territoire
des ombres ", "La falaise du sacrifice ", " La flèche blanche " et
" Le clan du lac maudit " (dont la lecture stimulante m'avait aidé
à me remettre d'une grippe) ; en fait, surtout les premiers épisodes.
Plus tardivement, je mentionnerais " L'arme terrifiante ", " L'œil
qui voit loin ", " Le secret des eaux profondes " et " La grande peur
de Rahan ".
Marc
Rioux : Le " psy " a-t-il un choix différent ? Quelles sont les histoires
les plus importantes pour le " psy " ?
Pascal
Hachet : Le choix du " psy " n'est pas très différent, car mes idées
s'enracinent strictement dans les émotions et les sensations qui,
enfant puis adolescent, m'envahissaient délicieusement lorsque je
me plongeais dans les aventures de Rahan !
Marc
Rioux : Comment l'idée de faire un livre de psychanalyse sur Rahan
vous est-elle venue ?
Pascal
Hachet : Cette idée est née d'une rencontre. Une décennie a séparé
le moment où j'avais cessé de lire " Pif Gadget " et celui où j'ai
obtenu mon diplôme de psychologue. Après avoir commencé à " exercer
" et à écrire des articles professionnels, je suis tombé en librairie
sur l'intégrale publiée progressivement par les éditions Soleil ;
ça a fait " tilt " : tous mes souvenirs d'enfance et d'adolescence
liés à Rahan sont revenus. Il a absolument fallu que je donne une
issue créatrice à cette résurgence. Formation psychanalytique + souvenirs
et émotions personnel toujours actifs au sujet du " fils des âges
farouches " = une étude psychanalytique des aventures de Rahan et
de leur impact psychologique sur leurs lecteurs. C'est venu du ventre.
Après, j'ai eu besoin d'intuition et de méthode.
Marc
Rioux : Les psychanalystes et les fans de Rahan ne sont-ils pas deux
publics en opposition ?
Pascal
Hachet : Pas du tout, bien au contraire ! N'oublions pas que Rahan
est un héros de la connaissance, un formidable investigateur. Certes,
le " fils de Crao " observe le monde extérieur alors que le " psy
" scrute le monde intérieur (d'abord le sien, d'ailleurs ; c'est la
condition sine qua non pour s'occuper de celui des autres sans faire
trop d'âneries) ; mais c'est la même démarche d'observation et de
curiosité, portée par une éthique constante : mettre son talent au
service de " ceux-qui-marchent-debout ". Et
puis, dans " Le rire de Tanaka ", Rahan se fait clairement psychothérapeute
(même s'il n'utilise pas précisément un divan !) pour aider un adolescent
à sortir d'un état de folie ! Le " fils des âges farouches " possède
une intelligence développée, dont l'exercice est fascinant. Pour cette
raison, se risquer à prétendre que ses aventures ne visent qu'à "
amuser " et que les " psys " n'ont rien à y faire reviendrait à adopter
une position obscurantiste et complètement décalée par rapport au
personnage. Une telle attitude, j'en suis persuadé, aurait été désavouée
par Roger Lécureux.
Marc
Rioux : D'après vous, quels sont les éléments qui font que Rahan est
toujours " dans le coup " trente ans après sa création ?
Pascal
Hachet : Je pense que cela peut s'expliquer de deux façons. Il y a
d'abord l'impression durable que ses aventures, qui paraissaient régulièrement
et qui avaient l'immense avantage de former un tout à chaque épisode,
ont exercé sur toute une génération : celle qui lisait " Pif Gadget
". Dans notre pays, Rahan fait indéfectiblement partie du bagage culturel
des 30-40 ans, qui le transmettent à présent à leurs enfants. Il y
a ensuite le fait que le conflit psychique que ce personnage me paraît
exprimer est universel, c'est-à-dire qu'il se présente à chaque enfant
et à chaque génération : s'accommoder des effets psychiques des expériences
de vie que nos ascendants ont eu du mal à " digérer ".
Marc
Rioux : Rahan a été créé pour " Pif gadget ", journal édité par Vaillant,
qui faisait partie d'un groupe de presse communiste (comprenant L'Humanité,
la Vie Ouvrière, etc). De ce lien indirect, peut-on déduire que Rahan
est communiste (c'est une question qui revient très souvent sur le
site) ?
Pascal
Hachet : Si certains militants communistes voient dans le sens de
l'équité dont Rahan fait preuve un signe de " communisme " et si cette
représentation les aide à conforter leur engagement politique, pourquoi
pas ? Cela dit, on peut se demander si l'amour de la justice et du
prochain est l'exclusive du PCF… Cela n'est pas sûr du tout !
Marc
Rioux : Dans " Psychanalyse de Rahan ", vous prenez le parti d'aborder
Rahan comme s'il s'agissait d'un de vos patients, de le considérer
comme une personne réelle. J'ai fait pareil dans l'interview de Rahan
(voir la page "Interview de Rahan" sur ce
site). Roger Lécureux m'avait répondu " à la place " de son personnage.
Mais vous, vous n'aviez personne devant vous. Comment avez-vous procédé
?
Pascal
Hachet : Le plus simplement du monde. Je me suis contenté d'observer
la manière dont le " fils de Crao " pense, ressent, imagine, communique
avec les autres hommes et agit ; ce que fait chaque lecteur d'ailleurs
! Cela m'a amené à être attentif, avec la casquette " psy " cette
fois-ci, aux petites et grandes bizarreries qui émanent du comportement
de Rahan : par exemple, pourquoi cet ennemi de la superstition s'en
remet-il à la direction indiquée par son coutelas - donc au hasard
le plus complet - pour choisir son chemin ? J'ai expliqué tout ça
en détail dans l'introduction de mon livre.
Marc
Rioux : Je trouve que votre investigation personnalise Rahan encore
plus que dans ses aventures. Sous votre plume, il s'incarne véritablement
; il acquiert la consistance d'un individu réel. Alors… Rahan n'est-il
pas en fait Roger Lécureux ? Pourquoi ne pas avoir fait un parallèle
avec la biographie du scénariste ?
Pascal
Hachet : Je me suis interdit de chercher à établir un quelconque parallèle
entre Roger Lécureux et son personnage. C'est pour moi une question
d'éthique. Ce que Lécureux a pu mettre de sa propre " psychologie
" dans Rahan ne regarde que lui ; d'autant plus qu'il ne semble pas
qu'il ait été prodigue de confidences sur le sujet (à moins qu'il
ne l'ait fait auprès de Mr Hideux - j'écris de mémoire l'orthographe
du nom de ce journaliste -, qui a réalisé une biographie de Lécureux,
malheureusement non publiée à ce jour). Donc, paix et respect à son
âme. Et puis j'ai " annoncé la couleur " de ma démarche dès les premières
pages de mon livre : j'ai cherché à identifier ce que les aventures
de Rahan stimulent, mettent au travail dans l'esprit des lecteurs.
J'espère que mes " résultats " sont ou seront " parlants " pour les
personnes qui ont ou auront la gentillesse de me lire.
Marc
Rioux : Je vais maintenant vous soumettre à des questions posées par
Vincent Cespedes, un professeur de philosophie qui a eu la sympathie
de répondre à l'appel à questions que j'ai fait, en juin 2000, sur
le forum fr.rec.arts.bd. Je ne vous
cacherai pas que bien qu'ayant parfaitement saisi le propos de votre
livre, le sens des questions de Mr Cespedes m'échappe parfois !
Pascal
Hachet : Je vais voir ce que je peux faire…
Vincent
Cespedes : La "hantise" de Rahan n'est-elle pas d'abord une peur de
la "petite mort", du dérèglement des sens ; une peur de perdre sa
vigilance et sa lucidité dans l'ivresse orgasmique ? Rahan, en ce
sens, ne fuirait pas les femmes parce qu'elles représentent un attachement
et une aliénation possibles, mais parce que le mystère, le plaisir
et la jouissance qui leur sont attachés seraient menaçants ? Comment
expliquer cet ascétisme de Rahan, qui lui fait fuir les plaisirs sensibles
et, par conséquent, les femmes ?
Pascal
Hachet : Rahan a une mission, dont le déterminisme inconscient lui
échappe et à laquelle il ne peut échapper : toute sa trajectoire -
c'est mon hypothèse centrale - vise à apporter sans en être conscient
(c'est un point très important) une solution aux tourments secrets
de ses parents adoptifs, marqués par des expériences d'abandon (telles
que nous l'apprenons dans les derniers épisodes ; je ne les ai pas
inventées !). En errant continuellement et en refusant toute attache,
amoureuse ou autre, le " fils des âges farouches " montre inconsciemment
et de manière anachronique (puisqu'ils sont morts) à Crao et à Shawa
qu'il y a du plaisir à être seul, que cela ne rime pas forcément avec
la douleur de l'abandon et donc du deuil impossible. Bien sûr, pour
remplir cette mission, Rahan s'interdit le désir et le plaisir sexuels.
Car il prendrait le risque de se fixer quelque part, et donc celui
de ne plus être un " fils idéal ", un " chevalier vengeur " et consolateur
pour ses parents psychiquement souffrants. Le risque du plaisir et
le risque de l'attachement me paraissent ici indissociables. Mais
ce qui est remarquable - et j'ai essayé de le décrire le plus finement
possible -, c'est que Rahan, au fil de ses aventures, " guérit " un
peu de la mission inconsciente qui l'empêche d'aimer et d'être père.
Vincent
Cespedes : Quels sont les plaisirs sensibles de Rahan ? La contemplation
semble être le seul. Elle va de pair avec un plaisir purement intellectuel
: apprendre et transmettre ses connaissances. Rahan ne serait-il pas
le Socrate des temps préhistoriques, fuyant le sensible et préférant
l'intelligible ? Comme Socrate, d'ailleurs, il craint le poison et
a failli en mourir !
Pascal
Hachet : La comparaison avec Socrate est astucieuse. Mais je penserais
plutôt au docteur Faust, à cause de sa soif de connaissance (et il
y aurait un Méphisto dans chaque sorcier, et certainement dans Crao…).
Ceci dit, je ne crois pas que le plaisir de Rahan soit purement intellectuel.
La fréquence avec laquelle il pousse son cri de triomphe " Rahaaa
" (je ne sais plus combien de " a " il y a dans cette exclamation)
après avoir vaincu un fauve ou un autre péril en témoigne.
Vincent
Cespedes : Rahan nu n'existe pas. Malgré un corps d'athlète, ses organes
génitaux sont radicalement mis entre parenthèses. Le sexe est le grand
tabou de cette BD, et avec cet interdit le désir sensible, le désir
de l'autre et l'amour singulier. Rahan n'aime que les Idées, au sens
platonicien du terme : les êtres humains (au sens générique), les
animaux, etc. Il n'apprivoise pas et n'aime pas le particulier, homme
ou animal.
Pascal
Hachet : Regardons les choses en face : d'une manière générale, les
personnages de B.D. (sauf dans le genre explicitement érotique) ne
sont presque jamais présentés dans le plus simple appareil ! Et cela
aurait pu être pire. Considérons par exemple Thorgall, beaucoup plus
vêtu ; tandis que le " fils de Crao " n'arbore qu'un sous-vêtement
(de surcroît un peu " moulant "). De nombreuses adolescentes ne s'y
sont d'ailleurs pas trompées... Comme certaines me l'ont confié en
apprenant que je préparais un livre sur Rahan, ce personnage leur
plaisait physiquement…
Vincent
Cespedes : Le rapport de Rahan avec la vérité est lui aussi platonicien.
A ce sujet, l'épisode "Le Sorcier de la lune ronde" (p.80 de votre
livre) est intéressant. Comment la vérité et l'humanisme se conjuguent-ils
chez Rahan ?
Pascal
Hachet : Dans l'épisode que vous évoquez, Rahan découvre que la vérité
peut être travestie pour la bonne cause, que les mensonges sont éthiquement
indispensables pour protéger ceux que l'on aime : une jeune femme,
Sonaya, s'est déguisée en une créature surnaturelle qui reçoit en
offrandes de la nourriture auprès d'un clan cruel, don dont elle se
sert pour alimenter secrètement des personnes qui furent bannies par
ce clan à cause de leur infirmité.
Marc
Rioux : Votre livre ne parle pas de la sexualité de Rahan, qui est
pourtant traitée en filigrane dans quelques aventures. Je pensais
que cela était très important pour une psychanalyse complète. Qu'en
est-il ?
Pascal
Hachet : Le fondateur de la psychanalyse, Freud, voyait dans les sous-sols
de notre âme un dépotoir pour des désirs sexuels frappés d'interdits
par la conscience morale (issue de notre éducation). De nos jours,
les " psys " ont diversifié leurs " lectures " des troubles psychiques.
Ils insistent entre autres sur la manière - ainsi que je l'ai montré
pour Rahan - dont les expériences de vie traumatisantes de nos parents
et de nos grands-parents " travaillent " à notre insu, et toujours
négativement, notre psychisme. Or, de tels aléas transgénérationnels
ont toujours un impact défavorable sur la vie sexuelle, dont la qualité
est un indice fiable de la façon dont " tourne " le psychisme d'un
individu. Et l'on voit bien qu'il existe un lien entre la résonance
psychique de Rahan aux tourments cachés de ses parents adoptifs et
les bizarreries de sa sexualité (inexistante).
Marc
Rioux : Sur le même sujet, quels commentaires vous inspire la planche
reproduite ci dessous ?
Cliquez
pour agrandir
Marc
Rioux : Il s'agit d'une planche de liaison entre "Le monstre d'un
autre temps" et "Le retour des Goraks", extraite du Rahan Bimestriel
N°4, nouvelle collection page 44 parue en Juillet 1978. Ce fut la
seule publication, comme pratiquement toutes les autres planches de
liaison.
Les deux premières cases ne laissent pas de doute sur la nature du
lien entre Rahan et Onoo.
Case 3 : il faut bien regarder la montagne à l'horizon, puis les deux
collines devant, ainsi que les deux autres sur les côtés.
Sur la page suivante Rahan pense : "Rahan ne peut pas s'attacher à
un clan … pas encore ! Un jour, sans doute, comme les autres chasseurs,
il aura une compagne qui lui donnera des "petits-d'hommes"…Mais plus
tard ! … Plus tard ! " (cette seconde page a été republié
dans le tome 22 page 135 de l'intégrale
de Rahan aux édition Soleil.
Pascal
Hachet : Cette planche me paraît typique du conflit psychique central
avec lequel Rahan est aux prises (en dehors du fait que le dessinateur
Chéret a pu vouloir commettre une facétie grivoise, mais il faudrait
lui poser la question !) : il est inconsciemment déchiré entre le
besoin d'apporter une solution aux secrets douloureux de ses parents
adoptifs en fuyant tout contact humain affectivement dense et entre
son désir de vivre, comme tout un chacun, sa sexualité. Ici, on assisterait
à un retour du refoulé, avec une délicieuse ambiguïté autour du fait
que le " fils de Crao " a pu passer un bon moment avec la jeune fille
qu'il raccompagnait jusqu'à son clan.
Marc
Rioux : Voici quelques questions de Guy Perez, toujours par E-mail.
Guy
Perez : J'aimerais savoir à partir de quels critères vous déterminez
que "le soleil est une boussole généalogique"?
Pascal
Hachet : Je suis parti du fait que le soleil est tantôt " ascendant
" et tantôt " descendant ", tout comme chaque individu lorsqu'il se
représente sa position généalogique. J'ai étayé cette hypothèse -
pp.52-53 - en me référant à plusieurs éléments qui concernent directement
Rahan, notamment son obsession perplexe et tenace (puisqu'on la retrouve
dans le dernier épisode en date, " Le mariage de Rahan ") bien qu'épisodique
au sujet de l'endroit où se couche le soleil.
Guy
Perez : Dans " L'oiseau sacré ", lorsque Rahan dit à Ourgang avoir
découvert qu'il existe de bons sorciers, vous ajoutez (p.102 de votre
livre) : " ce qui est partiellement faux ". Pourriez-vous être plus
explicite?
Pascal
Hachet : C'est très simple. Je me suis souvenu de l'épisode, bien
antérieur, de " L'herbe miracle ", où Rahan avait déjà rencontré un
sorcier intelligent et tolérant, de surcroît connaisseur des plantes
médicinales.
Guy
Perez : Quand on regarde l'épisode " Les liens de vérité ", il me
semble - en risquant une lecture " psy " de l'épisode -, qu'on y trouve
matière à développer le thème du secret familial : un sorcier suspecte
Rahan d'avoir divulgué une sorte de secret de famille, puisque cet
homme - tout en l'interrogeant durement - le traite comme s'il faisait
partie de son clan : celui de possesseurs d'ivoire. N'est-ce pas finalement
un épisode positif, puisque Rahan se libère lui-même des liens et
de la règle qui lui ont été imposés par le sorcier et puisqu'il parvient
à dialoguer avec cet homme, qui reconnaît humblement ses erreurs ?
Pascal
Hachet : Vos remarques sont justes. Dans cet épisode, Rahan est accusé
d'une faute qu'il n'a pas commise, par une communauté qui voit pourtant
en lui un des siens. Cela me paraît typique des situations où les
enfants se voient psychiquement chargés de résoudre les traumatismes
de leurs proches : ils sont mentalement pénalisés par l'influence
de drames de vie dont lesquels ils n'ont rien à voir, et dont ils
ignorent même souvent la nature. De ce point de vue, l'épisode " Le
dernier massacre " (que je commente p.99 de mon livre) me paraît encore
plus parlant.
Guy
Perez : Lorsque Rahan vole le coutelas pour en faire son arme, il
se sauve lui-même, car il se soustrait à une mutilation de la parole
(le chef de clan à qui il le dérobe voulait lui trancher la langue
avec !). C'est
aussi par ce vol qu'il devient adulte, il s'approprie sa virilité,
son indépendance, en s'opposant à un " père castrateur ". Rahan n'éprouve
aucune culpabilité à ce sujet, et il s'adresse à son coutelas avec
déférence et affection. Plus, puisque c'est par la giration hasardeuse de cette arme qu'il décide de la direction ou du chemin qu'il doit
prendre, il se soumet purement et simplement. Finalement, le coutelas
représenterait-il cette sixième griffe dont Crao lui parla avant de
mourir ? Ainsi, sans le savoir, peu de temps après la mort de son
père adoptif, Rahan possèderait déjà les objets qui symbolisent sa
virilité et son indépendance. Mais il n'aurait pas encore la maturité
nécessaire pour prendre conscience que les aptitudes correspondantes
existent en lui... Le fait de " percer " les mystères du monde et
des humains lui permettront d'accéder à ses propres mystères...
Pascal
Hachet : Vos interprétations sont très fines. J'ai moi-même insisté
sur le fait que si Rahan hérite de son collier, il doit s'approprier
brutalement, par une forme " délinquante " et extrêmement périlleuse
de transmission, son coutelas. Si Crao lui transmet un objet qui représente
une filiation et surtout un attachement (dans tous les sens du terme,
car un collier se noue autour du corps), Rahan doit se débrouiller
par lui-même pour faire sien un objet qui, outre les innombrables
services qu'il lui rendra dans la réalité, est destiné à lui permettre
d'installer dans son esprit la capacité de trancher (de faire des
choix) et de s'affirmer " phalliquement ". Le hic est que Rahan ne
parvient pas à décider de son chemin, et le coutelas supplée sur un
mode déresponsabilisant - comme une prothèse - à ce défaut de cohérence
psychique. Si le coutelas avait été transmis par Crao, les choses
auraient été plus simples ! Mais Crao - malgré son amour et sa sagesse
- n'a été capable que d'enchaîner son fils adoptif à la trace douloureuse
de ses impasses de vie : si le collier de griffes symbolise le lien
entre les générations, c'est au sens déprivant d'entrave !
Marc Rioux : D'après vous, quelle qualité de Rahan la sixième griffe
du collier représenterait-elle ?
Pascal
Hachet : La curiosité.
Marc
Rioux : Sur le plan physique, le fils de Crao est un homme de Cro
Magnon. Il est donc biologiquement identique à nous. Mais qu'en est-il
sur le plan psychique ? En effet, les hommes préhistoriques avaient
une culture et une vie très différentes des nôtres. Peut-on analyser
nos lointains ancêtres avec des critères contemporains ? Rahan n'a
pas encore inventé la madeleine. Le complexe d'Oedipe existait-il
vingt mille ans avant Œdipe ?
Pascal
Hachet : Rahan n'a certes pas inventé la madeleine (Proust non plus
d'ailleurs !), mais il est quand même capable de se souvenir, en particulier
de la catastrophe du " mont bleu " et du moment où Crao lui légua
son collier de griffes. Pour le reste, je ne crois pas que Lécureux
et Chéret aient souhaité faire une reconstitution de la psychologie
des premiers hommes. Quant à ce que les " psys " peuvent en penser,
nous sommes incités à renoncer. Nous avons déjà tant du mal à comprendre
ce qui fait souffrir certains de nos patients et à les accompagner
! Ce qui est certain - et les paléontologues ne me contrediront pas
-, c'est que là où il y a des rites funéraires (et il n'en manque
pas dans les aventures de Rahan, qui eut même droit par erreur aux
siens en 1977 !), il y a de l'humain.
Marc
Rioux : Sur le plan psychologique, Rahan pourrait-il s'adapter à notre
monde moderne ?
Pascal
Hachet : Je ne suis pas H.G. Wells ! Mais si on sait que le degré
d'intelligence nourrit les capacités d'adaptation, on peut être optimiste.
Ceci dit, je crois que Rahan aurait bien du mal à aller de clan en
clan dans nos grandes villes compactes. Surtout, en matière de défense
et de promotion de la justice et de l'équité, il aurait autant de
pain sur la planche que dans les temps préhistoriques, et cela le
" déprimerait " (il se ferait certainement prescrire du Prozac) !
Marc
Rioux : Le nombre important (environ 180)
des aventures de Rahan ne vous a pas permis de les évoquer toutes.
Comment les avez-vous sélectionnées ? Par exemple, pourquoi ne pas
avoir parlé de l'épisode "L'œil bleu", qui est l'un de mes préférés,
mais surtout l'un de ceux qui m'ont le plus marqué étant petit ?
Pascal
Hachet : C'est un bel épisode, mais à l'instar de tous ceux que je
n'ai pas commentés, il ne me paraît pas directement illustratif quant
aux hypothèses que je développe. Je ne l'ai donc pas " défloré ".
Marc
Rioux : Vous voyez dans les "goraks " et les autres monstres la figuration
d'"ancêtres". Certains y voient une métaphore du capitalisme ou du
communisme. Comment faire la différence entre le délire " politico-anarcho-facho
" et le travail sérieux, basé sur une recherche scientifique ?
Pascal
Hachet : Une lecture n'en exclut pas forcément une autre. Je ne suis
pas politologue. Ce que je peux dire, c'est que chacun fait feu de
tout bois pour construire sa " conception du monde ", aussi modeste
soit-elle. Vous savez, Tintin a lui aussi fait l'objet d'interprétations
tant psychanalytiques que politiques ou sociologiques. Et tout cela
ne cohabite pas trop mal dans la bibliothèque des tintinologues.
Marc
Rioux : Le livre se termine par l'épisode "Le mariage de Rahan" (paru
en juin 1999). Nous ignorons tout de la suite, "La montagne fendue",
et des autres scénarios laissés par Lécureux avant de décéder. Comment
voyez-vous les retrouvailles et la vie de Rahan en famille ?
Pascal
Hachet : Comme je l'ai suggéré dans la conclusion de mon livre, je
gage que cela se passera mal. J'en mettrais ma main au feu. Il me
semble que la vie de famille est foncièrement incompatible avec le
type de conflit psychique que Rahan illustrerait. Vous verrez, il
y a aura un gros pépin ; par exemple Naouna aura quitté son clan pour
partir à la recherche de Rahan, ou encore ses enfants auront été enlevés,
ou encore l'un d'eux aura été tué par un monstre.
Marc
Rioux : Les aventures de Rahan connaissent actuellement un tournant
inédit. En effet, Rahan le solitaire se retrouvant en famille, cela
va changer beaucoup de choses. D'autant plus que sur le plan psychologique
- comme vous le mettez en lumière dans le livre -, le " fils de Crao
" a réglé certains de ses problèmes. Surtout, la disparition
du scénariste va impliquer des changements. D'un point de vue
du " psy ", mais aussi du fan, quels sont les écueils à éviter ?
Pascal
Hachet : Je me garderai bien de jouer les donneurs de leçons quant
à ce qu'il faudrait faire ou non. " Wait and see ". Nous verrons bien
quelles suites éventuelles connaîtront les aventures de Rahan. En
tout cas, j'aimerais beaucoup que ces aventures donnent lieu à un
film. Il y a sacrément matière pour cela.
Marc
Rioux : Avez-vous eu des échos de votre livre, par des fans, des collègues
ou par des professionnels de la BD ?
Pascal
Hachet : Oui, quelques-uns. Deux collègues ont estimé que ma réflexion
était cohérente, qu'elle " tenait la route " sur le plan scientifique
et qu'elle enrichissait les recherches consacrées aux aléas de la
vie psychique entre les générations (youpi). Deux lecteurs m'ont écrit.
L'un m'a dit - de manière intelligemment étayée - que le secret de
famille dont les effets hantent Rahan, ce sont peut-être les " squelettes
dans le placard " de l'histoire du communisme ; pourquoi pas ? L'autre
m'a confié que mon exploration du psychisme du fils de Crao avait
eu de puissantes résonances sur un plan personnel, et que ce " réveil
pulsionnel " l'avait aidé à poursuivre un travail sur lui-même entrepris
de longue date.
Marc
Rioux : Vos patients (les vrais), que pensent-ils de vos livres en
général et de "Psychanalyse de Rahan" en particulier ?
Pascal
Hachet : Mes livres incitent certaines personnes à venir me faire
part de leur mal-être, parce qu'elles se " reconnaissent " dans certaines
de mes réflexions. " Psychanalyse de Rahan " ne m'a à ce jour amené
personne. Mon avant-dernier livre, " Ces ados qui fument des joints
" (Fleurus, 2000), se révèle par contre très " capteur " en ce sens
!
Marc
Rioux : A l'époque de " Pif gadget ", le record des ventes en une
semaine fut d'un million d'exemplaires, pour "La mort de Rahan" ("
Pif " n° 443, en 1977). L'album "Le mariage de Rahan" a été vendu
à plus de trente mille exemplaires en deux mois (l'été 1999). A combien
va se vendre le nouvel album "La montagne fendue", dont la sortie
prévue en octobre 2000 ?
Pascal
Hachet : Euh ! Je ne suis pas conseiller en marketing ! Jean-François
Lécureux et Vincent Odin (des éditions Lécureux-CentLys) sont les
personnes qu'il faudrait interroger à ce sujet.
Marc Rioux : Et pour vos livres ? Je suppose que "Dinosaures sur le
divan, psychanalyse de Jurassic Park" se vend mieux que "Psychanalyse
de Rahan". En effet, L'Harmattan, votre éditeur actuel, n'a tiré qu'à
500 exemplaires. Tous les contacts que j'ai eu par le site en France,
mais aussi de par le monde (USA, Canada, Israël, Espagne, etc), me
montrent que votre livre est très apprécié. Où en sont les ventes
et, surtout, à quand un retirage pour une diffusion un peu plus large
?
Pascal
Hachet : Il est beaucoup trop tôt pour comparer l'accueil des deux
livres par les lecteurs. Aussi étonnant que cela puisse paraître quand
on connaît le nombre que personnes qui sont allées voir " Jurassic
Park " et " Le monde perdu " au cinéma, " Dinosaures sur le divan
" n'a pas été un best-seller. Cela tient sans doute au fait que les
deux films de Spielberg, à l'affiche pendant quelques mois, n'ont
pas (encore ?) su drainer un contingent consistant de fans (on verra
si le film " Jurassic Park 3 ", tourné en ce moment aux USA et produit
- mais non réalisé - par Spielberg, améliorera les ventes). Le tirage
modeste de " Psychanalyse de Rahan " tient à un choix global de mon
éditeur. Je n'ai pas fait l'objet d'une restriction particulière.
Bien évidemment, si le tirage initial s'épuise, un retirage aura lieu
; c'est dans l'intérêt de l'éditeur. Donc, il n'y a aucun souci à
avoir quant à la disponibilité de ce livre. En tout cas, les critiques
positives et " internationales " que vous me rapportez me font très
plaisir. Cela récompense (mieux qu'un éventuel bon chiffre de ventes)
les deux ans pendant lesquels j'ai sué sang et eau - avec la conscience
douloureuse que je traversais le désert et que j'étais condamné à
proposer une réflexion solide et convaincante - pour écrire mon livre
sur Rahan (et à cette occasion pour m'acquitter d'une dette de longue
date envers Lécureux et Chéret : les remercier du fond du cœur pour
les innombrables et heureuses heures que j'ai passées à lire les aventures
de Rahan lorsque j'étais plus jeune) ; je ne me suis donc pas démené
pour rien. A l'image de Rahan, qui sait si je n'avais pas moi aussi
une mission (pour une part inconsciente) à accomplir ?…
Marc
Rioux : Accepteriez-vous de répondre aux questions que les internautes
visiteurs du site poseront via un formulaire ?
Pascal
Hachet : Avec le plus grand plaisir. Je relève le défi. Ce sera très
stimulant.
(Merci
d'utiliser ce formulaire )
Marc
Rioux : Maintenant que ce livre vous a apporté " amour, gloire et
beauté ", allez-vous prendre rendez-vous chez un de vos confrères
pour régler les questions que ces changements ont provoqué dans votre
vie ?
Pascal
Hachet : (rires) De l'amour ? Il semble qu'il y ait au moins des témoignages
de sympathie de la part de lecteurs. De la gloire ? La postérité jugera,
comme dit un adage auto-ironique (en tout cas, je ne m'attends pas
à être couvert d'or). De la beauté ? (toussotement) D'après ma femme,
je n'ai pas attendu d'écrire " Psychanalyse de Rahan " pour en avoir
un peu ! Donc, il en faudra plus pour m'envoyer consulter un de mes
collègues !
Marc
Rioux : Quels sont vos projets d'écriture ? Un nouveau livre sur Rahan
?
Pascal
Hachet : Je prépare un livre à l'usage des parents, chez Fleurus (sortie
prévue en mars 2001, si j'arrive à le " boucler " dans les délais
!), sur les conduites de risque à l'adolescence. Le titre pourrait
en être " Ces ados qui jouent les kamikazes ".
Marc
Rioux : Est-il prévu une adaptation télé de votre livre ? Une soirée
théma "Rahan, fils des âges farouches" sur ARTE est une idée à développer
?
Pascal
Hachet : A ce jour, nulle sollicitation télévisuelle ne m'est parvenue.
Mais je trouve qu'une soirée théma consacrée à " Rahan " sur ARTE
serait une très bonne idée. Elle pourrait associer, côté créateurs,
André Chéret (seul, puisque Roger Lécureux nous a malheureusement
quittés), et quelques fans avertis (vous-mêmes, votre serviteur, etc).
Si cela pouvait se faire, je serais partant. Peut-être pourrions-nous
en discuter hors internet ?
Marc Rioux : La lecture des 150 pages de votre livre m'a fait redécouvrir
un Rahan encore plus humain que je ne le pensais. Vous révélez une
épaisseur psychologique bien au-delà de ce que j'avais imaginé. Votre
livre a changé ma vision des aventures de Rahan, que je relis d'une
autre façon, avec un plaisir nouveau. Félicitations pour votre travail,
qui est passionnant et très fouillé tout en restant accessible à tous.
Pascal
Hachet : Merci pour vos compliments. Cela montre que je n'ai pas pratiqué
un dépeçage " intello " ni rendu Rahan " imbuvable ". Mon seul but
a été au contraire de proposer des éléments de réflexion aux lecteurs,
à leur dire :
" Regardez, votre (notre) amour pour ce personnage de BD a peut-être
tel et tel fondements émotionnels. Tirez-en profit pour vous-mêmes,
sans sacrifier une once du plaisir esthétique que vous avez à fréquenter
les aventures de Rahan".
Marc Rioux : Merci d'avoir répondu à mes questions et merci aux internautes
qui m'ont soufflé des questions ou des remarques.
Marc
Rioux pour Rahan.org, août 2000
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A lire sur
le même sujet d'autres pages de Rahan.org :
- Dinosaure sur le divan,
le resumé du livre
- Interview de Pascal
Hachet sur Jurasique Park et les premieres page de Rahan chez
le psy.
- Rahan
sur le divan, communication au Museum National d'Histoire
Naturelle de Paris
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Psychanalyse
Rahan :
Le fantôme psychique d'un héros de BD
de Pascal
Hachet
(L'Harmattan, ISBN 2-7384-9157-X, 156 pages, 90 FF)
est un livre
destiné au grand public paru en Mai 2000.
Il est en vente en ligne sur les sites
de VPC
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